Agriculture, élevage et pêche
A Tadjourah, comme dans les autres régions djiboutiennes, il y a, depuis 2003, une Sous-direction régionale de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Mer, à la suite de la réorganisation du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Mer chargé des Ressources hydrauliques (MAEM-RH). Le sous-directeur régional 15 est chargé de la mise en œuvre, du suivi et évaluation des actions entreprise par le ministère et ses partenaires dans la région de Tadjourah.
La sous-direction est composée de 6 agentes experts, dont un sous-directeur, un coopérant marocain (dans le cadre du PSSA; Coopération Sud-Sud), un chef de section d’élevage, un infirmier d’élevage et un technicien hydraulique et un ouvrier Agricole).
Le SDR dispose d’un véhicule octroyé par la Direction de l’Eau en partenariat avec l’UNICEF dans le cadre du ‘Projet de lutte contre la sécheresse en 2007’. Le SDR dispose d’un local, équipé en matériel informatique.
La région de Tadjourah est divisée en trois zones agricoles :
– Une zone côtière (qui comprend, entre autres, les villages de Sagallou, Kalaf, Ambabo) avec des palmiers et des cultures maraichères,
– Une zone de montagne, dont les principales cultures sont les oignons, les mangues, les goyaves,
– Une zone de plaine (qui comprend, entre autres, les villages de Weima et Adaylou), avec notamment la culture d’arbres fruitiers.
En vertu d’un climat propice, plusieurs zones sont favorables à l’agriculture, avec une bonne production de fruits (mangues, bananes, goyaves), ainsi que de pastèques, dattes, oignons et tomates. Dans la zone de Randa, par exemple, il y a une centaine de petits exploitants. A proximité de forages (comme par exemple à Andaba, Dorra et Hagandé), il y a le développement de petits périmètres agro-pastoraux. On dénombre dans la région un total d’environ 400 jardins (pour un peu plus de 210 hectares).
Principales contraintes en agriculture:
– L’aridité du climat et la dégradation naturelle de l’environnement.
– La salinisation progressive des puits (à cause surtout de l’usage incontrôlé des motopompes) – limitant l’exploitation de terres virtuellement arables.
– Le manque d’un véritable savoir-faire agricole de populations ayant une tradition essentiellement pastorale.
– La rareté des terres cultivables.
– La non mise en valeur d’espaces potentiellement propices à l’agriculture (par exemple, dans le secteur de Mabla, à la frontière entre la région de Tadjourah et celle d’Obock).
– L’incapacité de la production agricole locale à couvrir plus de 10% des besoins alimentaires de la population de la région.
– Les difficultés de l’accès des agriculteurs aux produits phytosanitaires, aux semences améliorées et à d’autres intrants agricoles (essentiellement à cause de leurs coûts prohibitifs et de l’absence d’un réseau de distribution adéquat).
L’élevage du bétail est traditionnellement pratiqué sur tout le territoire de la Région (par environ 65% de la population rurale), malgré les problèmes causés par le manque d’eau.
Principales contraintes en élevage:
– La rareté, la mauvaise répartition et la distance des points d’eau – facteur de blocage majeur pour le développement du pastoralisme dans la région.
– La récurrence de la sécheresse affectant négativement l’alimentation du système de citernes enterrées.
– L’apparition récente de l’agriculture sur les sites pastoraux généralement les plus productifs et souvent utilisés comme un zone refuge en saison sèche – cela constituant une source importante de déstabilisation du système pastoral de la région.
– La réduction des rendements des pâturages (y compris dans des zones traditionnellement favorables comme celle du massif du Goda) à cause de sécheresses récurrentes au cours de ces trente dernières années.
– Les achats de la part des éleveurs des aliments de bétail – achats rendus nécessaires pour pallier à manque de fourrage – dont les prix ont considérablement augmenté au cours des dernières années.
– L’incapacité des ménages d’éleveurs à reconstituer leur cheptel décimé par les sécheresses récurrentes.
– La faiblesse de mesures sanitaires, prophylactiques mises en place et l’incidence de certaines maladies sur les troupeaux.
– Les difficultés de l’accès des éleveurs aux produits vétérinaires de base.
– La dégradation généralisée et constante du tapis végétal.
La pêche à Tadjourah
La pêche est pratiquée surtout par les populations de la ville de Tadjourah (voir Encadré ci-dessous). Ailleurs, dans les autres localités, le manque de savoir-faire, l’absence d’encadrement et, surtout, le manque d’équipement n’ont pas permis à la population de développer les potentialité de ce secteur.
On peut estimer que la production piscicole régionale (tonnes des débarquements annuels) constitue entre 8% et 17% des potentialités halieutiques (respectivement pour les poissons démersaux et grands pélagiques et les petits pélagiques).
A Tadjourah aussi, comme ailleurs à Djibouti, la majorité des pêcheurs (95%) utilise des embarcations de 6 à 8 m. de long, en fibre de verre équipées de moteurs hors–bord de 25 à 40 chevaux, dont l’équipage varie entre 3 et 4 pêcheurs. Les principales méthodes de captures sont la pêche à la ligne à main pour la capture des poissons démersaux, la pêche au filet maillant pour les poissons pélagiques, la pêche à l’épervier pour les crevettes.
Les pêcheurs artisanaux constituent le groupe le plus pauvre de la population. Leurs conditions de vie n’ont pas évolué et leur intégration sociale reste très fragile. La population des pêcheurs est assez hétérogène. La pêche artisanale a disposé de peu d’appui en termes d’actions d’appui en matière d’innovation technique et technologique.
La grande majorité des pêcheurs fréquente uniquement les sites qui se trouvent dans les espaces traditionnels – les pêcheurs de la région du nord se déplaçant pour vendre leurs poissons à Djibouti, lieu où s’effectue 90% du commerce du poisson. Pour la totalité des pêcheurs professionnels la pêche constitue la source de revenus principale, voire même unique. Les gains de la pêche sont très aléatoires et variables en fonction des saisons et des sorties –certaines sorties ne permettant même pas de couvrir les frais d’essence et de glace.
[Source : NEPAD-FAO, Profil de projet d’investissement « Appui aux initiatives locales de développement de la pêche artisanale » Mai 2005]
Potentialités pour la pêche:
– Une exploitation durable de ressources halieutiques pourrait contribuer à créer des emplois, améliorer la sécurité alimentaire des ménages de la région et créer des revenus monétaires considérables.
– La Région est ouverte sur la façade maritime et dispose d’un potentiel réel pour le développement de la pêche à haute valeur ajoutée.
Principales contraintes pour la pêche:
– L’absence de savoir-faire et l’absence d’équipement dans la plupart des localités à l’extérieur de la ville de Tadjourah.
– Le coût relativement élevé du transport des produits de la pêche vers Djibouti-ville (par rapport tout au moins au reste du pays).
– La faible consommation de poisson de la part de la population (seulement environ 1,5 – 2 kg/hab/an au niveau national).
– L’absence de toute cadre de formation de jeunes pêcheurs (l’Ecole de pêche d’Obock, fermée en 1992 à la suite des événements civils, n’ayant jamais repris ses activités).
– La faible diversité et l’insuffisance de l’équipement de base des pêcheurs.
– L’insuffisance en ressources humaines qualifiées de l’administration en charge de la pêche et des associations de pêcheurs.
– L’insuffisance des structures de maintenance des moyens de production et l’insuffisance des infrastructures de conservation, de distribution et de commercialisation du poisson.